
Vous avez acquis la nationalité française par le mariage ? Vous souhaitez divorcer et vous vous interroger sur les potentielles conséquences de ce divorce sur l’acquisition de votre nationalité française ? Nous répondons à vos questions.
La nationalité française confère à son titulaire un ensemble de droits et de devoirs au sein de la République. Elle peut être obtenue de diverses manières : par naissance, par filiation, par naturalisation ou encore par mariage.
Comment s’acquiert la nationalité française par mariage ?
En France, une personne étrangère mariée à un individu ayant la nationalité française peut demander la nationalité française par déclaration. Il ne s’agit pas d’une naturalisation classique mais d’un processus simplifié. Pour cela, plusieurs conditions doivent être réunies :
- Être marié depuis au moins 4 ans à un(e) Français(e) au moment de la demande ;
- Avoir une vie commune réelle et continue avec le conjoint français ;
- Maîtriser la langue française à un niveau suffisant ;
- Ne pas avoir été condamné pour des faits graves (terrorisme, crimes, etc.) ;
- Justifier de la régularité du séjour en France, si la personne réside sur le territoire.
La nationalité par mariage repose sur un lien conjugal sincère. L’administration est particulièrement vigilante quant à la réalité de la vie commune. La présence d’enfants, de déclarations fiscales communes, de logement partagé sont autant de preuves qui renforcent la crédibilité du dossier.
Peut-on perdre la nationalité française après un divorce ?
Le divorce en soi n’entraîne pas automatiquement la perte de la nationalité française. Toutefois, le divorce peut avoir des conséquences judiciaires selon la situation et le moment où il intervient – notamment si la nationalité a été acquise récemment ou de manière frauduleuse.
Il est nécessaire de distinguer plusieurs situations.
- Si le divorce intervient dans un délai de 2 ans suivant la naturalisation :
Une personne ayant obtenu la nationalité française, qui a établi sa vie professionnelle, sociale et personnelle en France pendant au moins deux ans après son mariage, sera généralement en bonne position pour conserver sa nationalité. Elle ne sera en principe pas retirée à cause d’un divorce.
En revanche, si le divorce intervient dans les deux ans suivant le mariage, cela peut interpeller l’administration française, qui peut effectuer un examen attentif de la situation.
Exemple : une personne étrangère épouse un Français, fait une demande après 4 ans de mariage et obtient la nationalité. Deux ans plus tard, le couple divorce. Dans ce cas, la nationalité est conservée, car elle a été obtenue conformément à la loi.
- Si le divorce survient avant l’acquisition de la nationalité :
Dans cette hypothèse, la demande de nationalité par mariage devient caduque. Puisque l’une des conditions essentielles (le mariage et la vie commune) n’est plus remplie, la déclaration ne peut pas être enregistrée.
Autrement dit, un divorce avant la finalisation de la procédure signifie que la personne ne pourra plus devenir française par mariage. Elle devra alors envisager une naturalisation classique, sous d’autres critères (ancienneté de séjour, insertion, emploi…).
La nationalité française peut-elle être retirée pour fraude ?
L’article 27-2 du Code civil prévoit que la nationalité française acquise par mariage peut être retirée si elle a été obtenue par fraude. C’est notamment le cas :
- de mariages blancs (uniquement contractés pour obtenir la nationalité),
- de fausses déclarations sur la vie commune,
- de dissimulation d’éléments essentiels (ex. : condamnations pénales, bigamie, documents falsifiés…).
Si l’administration découvre, dans un délai de deux ans, qu’une personne a obtenu la nationalité sur la base de documents ou de faits mensongers, elle peut demander l’annulation de l’enregistrement de la déclaration.
Le retrait n’est pas automatique : il suit une procédure administrative stricte. Le ministère de l’Intérieur doit notifier à l’intéressé un projet de retrait, l’invitant à présenter ses observations. Le dossier est ensuite examiné, et une décision motivée est prise.
Ce retrait ne peut intervenir que dans un délai de 2 ans à partir de la découverte de la fraude. Passé ce délai, le retrait devient juridiquement impossible, sauf en cas de terrorisme ou d’atteintes graves aux intérêts de la France.
Quelques cas spécifiques : violences conjugales, divorces conflictuels, nationalité des enfants
- Divorce conflictuel : pas de conséquence directe
Un divorce conflictuel, même avec des accusations de mauvaise foi, d’abandon ou de manipulation, n’a pas d’incidence sur la nationalité du conjoint étranger déjà naturalisé. Seule une preuve formelle de fraude ou de manipulation dans la procédure de naturalisation pourrait motiver une remise en cause.
- En cas de violences conjugales
Dans certains cas, les autorités peuvent accorder un traitement spécifique aux conjoints victimes de violences. Une personne victime de violences conjugales peut bénéficier d’une protection particulière et d’une régularisation de séjour, voire poursuivre sa demande de nationalité indépendamment du divorce. Cela dépend de la situation et des pièces apportées (plaintes, décisions judiciaires, certificats médicaux, etc.).
- Nationalité des enfants issus du mariage
Le divorce n’a aucun impact sur la nationalité des enfants. Si l’un des parents est français au moment de la naissance, l’enfant est automatiquement français par filiation, quel que soit l’état civil des parents (mariés, divorcés, séparés ou jamais unis).
Quelques recommandations et précautions
Si vous êtes en instance de divorce et avez acquis la nationalité récemment, il est recommandé de conserver les preuves de la vie commune effective pendant le mariage. En cas de suspicion de fraude par l’administration, ces documents peuvent être cruciaux pour prouver la légitimité de votre acquisition.
Pour éviter tout soupçon de mariage frauduleux, il est conseillé d’attendre d’avoir une vie commune stable, durable et bien documentée avant de déposer une demande de nationalité.
Le divorce, en tant que tel, n’entraîne pas la perte de la nationalité française. Si une personne a acquis la nationalité de manière régulière et sincère, elle la conserve, même en cas de séparation. Cependant, si la nationalité a été obtenue par fraude, ou que la demande n’était pas encore aboutie, le divorce peut effectivement remettre en question ce droit.
La législation française vise à protéger l’intégrité du droit à la nationalité tout en garantissant l’égalité devant la loi.
Il est essentiel de bien comprendre les règles, de constituer un dossier solide et, si besoin, de se faire accompagner par un avocat expert en droit des étrangers.
Nos avocats en droit de l’immigration et du travail pour étrangers se tiennent à votre disposition pour répondre à toutes vos questions et vous conseiller. Nos entretiens peuvent se tenir en présentiel ou en visio-conférence. Vous pouvez prendre rendez-vous directement en ligne sur www.agn-avocats.fr.
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