
Vous êtes propriétaire d’un terrain et votre voisin vous demande un droit de passage pour accéder à sa propriété ? Ou, à l’inverse, vous êtes dans une situation où vous avez besoin de traverser le terrain de votre voisin ? La question du droit de passage est fréquente et peut rapidement devenir source de tensions entre voisins. Mais que dit la loi ? Est-il possible de refuser un tel droit ? Décryptons ensemble les règles qui encadrent cette servitude.
Qu’est-ce qu’un droit de passage ?
Le droit de passage est une servitude, c’est-à-dire une charge imposée à une propriété (le fonds servant) au profit d’une autre propriété (le fonds dominant) appartenant à un propriétaire différent. Concrètement, cela signifie que le propriétaire du fonds dominant a le droit de passer sur le fonds servant pour accéder à sa propre parcelle.
Il existe principalement deux types de droits de passage : le droit de passage légal et le droit de passage conventionnel.
1. Le droit de passage légal : la servitude pour cause d’enclave
C’est le cas le plus connu et le plus encadré par la loi. L’article 682 du Code civil dispose que le propriétaire dont le fonds est enclavé, c’est-à-dire qui n’a aucune issue ou une issue insuffisante sur la voie publique, peut réclamer un passage sur les fonds de ses voisins pour assurer la desserte complète de sa propriété.
Conditions de l’enclave :
- Absence d’accès ou accès insuffisant : L’enclave doit être réelle. Un simple accès difficile ou incommode ne suffit pas toujours. Par exemple, un chemin trop étroit pour un véhicule, ou impraticable une partie de l’année, peut justifier une enclave.
- Utilisation normale du fonds : Le passage doit être nécessaire pour l’utilisation normale du fonds enclavé (habitation, exploitation agricole ou industrielle).
2. Le droit de passage conventionnel : l’accord entre voisins
Ce type de droit de passage est établi par un accord amiable entre les propriétaires des deux fonds. Il n’est pas lié à une situation d’enclave. Les voisins peuvent décider, d’un commun accord, de créer une servitude de passage pour des raisons de commodité (par exemple, pour raccourcir un trajet, ou pour accéder plus facilement à un garage).
Cet accord doit être formalisé par un acte notarié et publié au service de la publicité foncière pour être opposable aux tiers et être transmis aux futurs propriétaires des terrains.
Peut-on refuser un droit de passage ?
La réponse à cette question dépend du type de droit de passage demandé.
Refuser un droit de passage légal (pour cause d’enclave) : NON, en principe
Si le fonds de votre voisin est réellement enclavé et qu’il remplit les conditions légales, vous ne pouvez pas refuser le droit de passage. C’est une obligation légale qui s’impose à vous. Le propriétaire du fonds enclavé est en droit d’exiger ce passage, même si cela vous dérange.
Cependant, si vous êtes le propriétaire du fonds servant, vous avez des droits :
- Choix du tracé : Le passage doit être pris du côté où le trajet est le plus court du fonds enclavé à la voie publique, et doit causer le moins de dommages au fonds servant. Vous pouvez donc négocier le tracé le moins contraignant pour votre propriété.
- Indemnité : Le propriétaire du fonds enclavé doit verser une indemnité au propriétaire du fonds servant, proportionnelle au dommage que le passage occasionne. Cette indemnité peut couvrir la perte de jouissance d’une partie de votre terrain, les nuisances (bruit, poussière), ou les frais d’entretien du passage.
En cas de désaccord sur le tracé ou le montant de l’indemnité, c’est le juge qui tranchera.
Refuser un droit de passage conventionnel : OUI, avant l’accord
Si votre voisin vous demande un droit de passage pour des raisons de commodité (et non d’enclave), vous êtes libre de refuser. Il s’agit d’une négociation amiable, et vous n’avez aucune obligation légale d’accepter. Si vous refusez, votre voisin ne pourra pas vous contraindre à lui accorder ce passage.
En revanche, si un droit de passage conventionnel a déjà été établi par un acte notarié et publié, il s’impose à vous si vous devenez propriétaire du fonds servant. Vous ne pourrez pas le refuser unilatéralement.
Le cas particulier du droit de passage par prescription
Il est important de noter qu’un droit de passage ne peut généralement pas s’acquérir par prescription (c’est-à-dire par un usage prolongé dans le temps, par exemple 30 ans). En effet, le droit de passage est considéré comme une servitude discontinue (son exercice nécessite l’action de l’homme) et non apparente (elle ne se manifeste pas par un ouvrage permanent et visible). Or, seules les servitudes continues et apparentes peuvent s’acquérir par prescription en droit français.
Que faire en cas de désaccord ?
Si vous êtes dans une situation d’enclave et que votre voisin refuse de vous accorder un droit de passage légal, ou si vous êtes le propriétaire du fonds servant et que vous contestez l’enclave ou l’indemnité proposée, il sera souvent recommandé de saisir le 1er président du Tribunal Judiciaire d’une demande d’expertise judiciaire.
Avant d’en arriver là, il est toujours préférable de tenter une médiation ou une conciliation. Un accord amiable, même s’il est formalisé par un notaire, est souvent la solution la plus rapide et la moins coûteuse pour toutes les parties.
Refuser un droit de passage n’est pas toujours possible. Si votre voisin est en situation d’enclave, la loi lui accorde un droit de passage que vous ne pouvez pas lui refuser. En revanche, si la demande est motivée par une simple commodité, vous êtes libre d’accepter ou de refuser. Dans tous les cas, la communication et la négociation sont les clés pour maintenir de bonnes relations de voisinage et trouver une solution équitable pour chacun.
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