
Le choix du statut social d’un dirigeant, salarié assimilé ou travailleur non salarié est souvent présenté comme une simple équation financière : payer moins de charges d’un côté, bénéficier d’une meilleure couverture sociale de l’autre.
La réalité est plus subtile. Passer d’un statut à l’autre entraîne un basculement entre protection sociale collective et couverture individuelle, avec des conséquences directes sur la santé, la prévoyance et la retraite. À l’inverse, les cotisations désormais dues par les travailleurs non-salariés (TNS) sur une partie de leurs dividendes améliorent leurs droits sociaux, ce qui réduit l’intérêt de certains montages.
Dans tous les cas, un audit préalable est indispensable pour identifier les garanties existantes, mesurer les pertes éventuelles et mettre en place une stratégie adaptée, dans le respect des règles fiscales et sociales applicables.
Une équation plus complexe que la simple comparaison des charges
Changer de statut ne peut pas se limiter à un calcul de charges sociales ou de revenu net.
Passer du statut de salarié ou assimilé à celui de TNS signifie perdre les garanties collectives de prévoyance, de santé ou de retraite, pour les remplacer par des contrats individuels, souvent plus coûteux et potentiellement moins protecteurs. Dans ce cas, l’âge et l’état de santé du dirigeant deviennent déterminants pour accéder à une couverture adaptée.
À l’inverse, un dirigeant qui bascule du statut de TNS vers celui de salarié bénéficie de droits élargis, notamment en matière de prévoyance, de mutuelle ou de retraite, mais ces droits dépendent directement du niveau de rémunération fixé.
Enfin, dans le cas d’une création d’entreprise par un cadre bénéficiant encore de l’allocation chômage, il faut tenir compte de l’évolution progressive de ses garanties, en particulier de la portabilité de la mutuelle et de la prévoyance.
Les paramètres à examiner avant toute décision
Un audit social et patrimonial doit intégrer plusieurs critères :
- La convention collective applicable et les régimes collectifs de prévoyance et de santé en vigueur dans l’entreprise ;
- Le niveau de couverture retraite, et le manque à gagner prévisible en fonction de l’âge et de la rémunération du dirigeant ;
- L’âge et l’état de santé, qui conditionne l’accès et le coût des contrats individuels souscrits à titre privé ;
- La composition familiale et les objectifs patrimoniaux (par exemple assurer une rente au conjoint ou aux enfants) ;
- La fiscalité applicable aux cotisations et aux revenus de remplacement.
À titre d’exemple, un dirigeant salarié de 50 ans, marié et père de trois enfants pourrait voir ses garanties décès fortement réduites et ses cotisations exploser en changeant son statut vers un non-salarié sans réfléchir, faute de dispositif collectif mutualisé. Si cette diminution n’est pas compensée par l’augmentation de sa rémunération et la diminution des charges, c’est un échec.
Quels sont les objectifs poursuivis par le dirigeant ?
C’est la première question à se poser. Le choix du statut social doit toujours être guidé par les priorités personnelles et professionnelles. Il faut donc se poser la question de l’objectif poursuivi avant tout changement. L’audit est valable sur les données financières, mais également sur la volonté du dirigeant !
Pour certains, la priorité est la sécurisation des revenus et le maintien d’un haut niveau de protection, même si le coût est plus élevé. Dans ce cas, rester assimilé salarié peut apparaître comme le choix le plus prudent.
Pour d’autres, l’objectif est l’optimisation du revenu net disponible, quitte à compenser par des contrats de prévoyance ou de retraite complémentaires. Le statut de TNS peut alors se justifier, à condition d’anticiper la couverture adaptée.
Enfin, certains arbitrages relèvent d’une logique patrimoniale : préparer une cession d’entreprise, organiser une transmission, ou optimiser la fiscalité des dividendes.
L’importance d’une approche globale
Changer de statut n’est jamais neutre. Ce n’est pas seulement une question de charges sociales, mais un choix structurant qui engage la protection du dirigeant, de sa famille et la stabilité de l’entreprise.
En pratique, seule une approche globale, combinant audit social, patrimonial et fiscal, permet de comparer les scénarios et d’anticiper les incidences en matière de retraite, de prévoyance et de fiscalité.
C’est pourquoi l’accompagnement conjoint de l’avocat en droit social, fiscal, voire patrimonial et succession, est essentiel. Une décision prise uniquement sur un gain apparent de trésorerie peut, à terme, se traduire par une perte de droits lourde, parfois irréversible.
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